Comme les autres, ils vont en cours, travaillent à temps partiel, paient taxes et impôts ici… et font face à l’inflation. Malgré cela, beaucoup d’étudiants étrangers n’ont pas vu la couleur des 500 $ remis ce printemps par Québec aux contribuables gagnant moins de 100 000 $ par an.
D’après le site web de Revenu Québec, pour recevoir le montant, les « résidents temporaires » devaient habiter au Canada depuis 18 mois, au 31 décembre 2021.
Pour des étudiants internationaux qui démarrent en session d’automne, seuls ceux arrivés à l’été 2019 ou avant sont éligibles – à la fin de leur troisième année ici. Les programmes postsecondaires étant rarement plus longs, cela signifie que l’argent n’a souvent été remis qu’aux finissants ou diplômés.
Cette condition médiatiquement passée sous silence a empêché une étudiante réunionnaise, Marie-Valérie Rivière, de toucher cette somme qui aurait fait « une énorme différence » dans sa vie.
Mme Rivière a 30 ans et étudie en travail social au Cégep de Jonquière. Arrivée en août 2021, elle veut s’intégrer au Québec à long terme. Avant d’obtenir DEC, emploi et résidence permanente, elle doit s’assumer financièrement pendant trois ans, avec une bourse d’études de la Réunion et des petits emplois, selon ses possibilités.
Cette année, le coût de la vie a monté en flèche, tandis que sa bourse, payée en euros, a baissé en valeur à cause de la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, tenir son budget lui demande un temps considérable. « Maintenant, je dois comparer chaque article et chaque épicerie, surtout pour la viande […] Pour ne pas me priver, je fais très attention aux quantités. J’achète moins d’un coup. »
Après avoir réglé épicerie et loyer, il ne lui reste plus qu’une centaine de dollars, trop peu pour le reste et les imprévus. Au printemps, elle a dû demander une aide d’urgence à son cégep. Cet été, le décès de sa grand-mère l’a forcée à vivre un deuil à distance, faute de moyens. « J’en suis pas encore remise… J’économise pour revoir ma famille, mais cet été, la priorité, c’était le loyer et pouvoir manger. »
Mme Rivière se dit compréhensive et estime qu’il y a plus défavorisé qu’elle, mais son constat reste un peu amer. « On veut nous accueillir pour combler le manque de travailleurs, mais une fois sur place, on ne se sent pas aidés. Il y a contradiction. »
Le gouvernement promet plus de considération
La Coalition avenir Québec (CAQ) a réagi au cas de Mme Rivière par la voix du responsable médias au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Lambert Drainville. Il assure que le ministère des Finances a jugé ces éléments « pertinents » et a garanti qu’ils « feront l’objet de discussions » sur la possibilité d’élargir l’accès aux prochaines aides.
De 400 à 600 $, celles-ci étaient la promesse phare de la CAQ, réélue le 3 octobre. « L’intention est de reproduire le même programme qu’au printemps dernier [et de] verser les sommes le plus rapidement possible, d’ici au 31 décembre, pour un maximum de personnes », ajoute M. Drainville.
Par Lilian Jouvin.