Privilégiés. Voilà le qualificatif que l’on emploie régulièrement pour décrire les athlètes ayant fait une carrière de leur passion. Mais que leur arrive-t-il lorsque l’heure de la retraite a sonné? Regard porté sur l’autre côté de la médaille sportive : un monde ingrat et méconnu…
Si une minorité de sportifs peuvent se targuer d’avoir accumulé suffisamment d’argent durant leur carrière pour s’assurer un avenir paradisiaque, cela demeure bien loin de ce qui attend les autres. Pour ces derniers, il est nécessaire d’amorcer un processus de reconversion afin de déterminer quelle sera la prochaine étape. Car oui, même après avoir touché à leur rêve, ces athlètes doivent désormais subvenir aux besoins d’une vie normale, de façon autonome.
Pour Étienne Hébert, professeur en psychologie à l’Université du Québec à Chicoutimi, ce qui rend cette période de transition aussi difficile pour certains athlètes, c’est le deuil de leur discipline. En effet, s’investir dans le sport est parfois tout ce qu’ils connaissent. Conséquemment, tourner la page sur ce chapitre de leur vie cause inévitablement un important vide dans leur quotidien.
Il existe heureusement des façons de réussir cette reconversion. Des programmes de soutien comme La Maison des Champions, par exemple, offrent aux nouveaux retraités des conférences et des ateliers leur permettant d’adapter leurs compétences au marché du travail. Ils développent de cette manière des facettes d’eux-mêmes qu’ils ne connaissaient pas et qui leur permettent de se réinventer.
Préparer sa retraite est également essentiel à une reconversion réussie selon M. Hébert.
« Ce qu’on sait, c’est que les athlètes qui réussissent leur transition, ce sont des athlètes qui se sont investi ou qui s’investissent dans d’autres sphères de leur vie que le sport. Plus l’athlète ne fait que du sport, plus il n’est que ce sport », explique-t-il.
Cette préparation diffère d’un athlète à l’autre. Pour certains, cela peut passer par des études. C’est notamment le cas de Jason Beaulieu, ancien gardien de but professionnel de l’Impact de Montréal, qui a conjugué sa passion du soccer à son avenir sur le marché du travail dès l’âge de 19 ans en s’engageant avec l’Université du Nouveau-Mexique. Il y a complété un baccalauréat de quatre ans en génie civil, tout en jouant pour les Lobos dans la NCAA.
« C’était vraiment la bonne solution pour moi. […] J’ai eu une expérience de vie incroyable, un diplôme et un niveau de soccer qui m’a permis de jouer pro », raconte-t-il.
Retraité depuis bientôt deux ans, le Boisbriannais de 28 ans est comblé par son poste d’ingénieur en structure chez CIMA + qui le stimule au plus haut point.
De nombreux sportifs choisissent aussi la voie des communications au terme de leur carrière. L’ancien défenseur du Bleu-Blanc-Noir Hassoun Camara est l’un d’eux. Il est désormais analyste et chroniqueur à Radio-Canada. « J’ai toujours eu cette facilité à m’exprimer devant la caméra et à écrire aussi. […] Ça s’est fait naturellement », témoigne-t-il.
Comme quoi la suite des choses est différente pour chacun.