C’est en plein cœur de la pandémie que le phénomène de la culture du bannissement est né au Québec. Julien Lacroix, Maripier Morin, Kevin Parent et plusieurs autres ont perdu des contrats à la suite de comportements jugés inappropriés. Pour certains, c’est un moyen de se faire entendre, mais pour d’autres cela brime leur liberté d’expression.
La plupart des victimes d’inconduites sexuelles ont dénoncé leurs agresseurs via les réseaux sociaux. Très souvent, la raison de ce choix est pour éviter la lourdeur du système judiciaire. Seulement 10% des victimes dénoncent leurs agresseurs et 7% de ceux-ci finissent par être reconnus coupables, selon une étude réalisée par Statistiques Canada.
À la suite de ces nombreuses dénonciations, plusieurs ont décidé de prendre part à un véritable boycottage, soit en retirant ces chanteurs de leur liste de lecture ou en s’abstenant des séries où ces artistes étaient présents. Certaines salles de spectacle ont également pris part à ce phénomène. « Chez les diffuseurs, on a tous une espèce de blacklists, ces gens-là, on sait qu’on ne les veut pas ici. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de demandes chaque année, on a donc le privilège de choisir qui on veut », mentionne un propriétaire d’une salle de spectacle au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
D’autres, cependant, n’adhèrent pas du tout à ce mouvement. Cet été, Éric Lapointe et Kevin Parent étaient les têtes d’affiche du festival La Fête des guitares de Lac-au-Saumon. Ceux-ci avaient été dénoncés en raison d’inconduite sexuelle, deux ans auparavant. « Moi je suis une de ces personnes qui aiment ses chansons. Je pense vraiment que tu peux aimer son contenu sans nécessairement approuver ce qu’il fait », déclare un fan d’Éric Lapointe.
Censurer le passé?
Un épisode de la populaire sitcom-cultedu Québec, La Petite vie de Claude Meunier a été retiré de la plateforme d’ICI Tou.tv, en raison d’un extrait à caractère raciste. Ce geste a suscité énormément de réactions, certains étaient offensés à l’idée d’écouter ces paroles, tandis que d’autres défendent l’essence même de la série : l’absurdité. « Oui, les propos énoncés ne sont pas corrects, mais en même temps ça nous montre la manière de penser qu’on avait à cette époque-là. Je pense que ça fait partie de l’histoire, c’est notre culture », évoque une étudiante du Cégep de Jonquière, Annabel Tremblay.
À la suite de plusieurs critiques, l’Association québécoise des productions médiatiques a finalement voulu préserver l’intégrité de la série. L’épisode se retrouve donc sur la plateforme, un message d’avertissement a cependant été ajouté.