Est-ce la fin des « vape shops » ?

William Savard

L’éventuelle loi fédérale encadrant les saveurs dans les « e-juice » semblant être une certitude, l’avenir des magasins spécialisés en produits du vapotage au Québec quant à lui semble incertain.

« Ça pourrait faire fermer toutes les “vape shops” qui existent au Canada […]. On risque de fermer dans les mois qui vont suivre », explique Keven Lavoie, directeur des succursales vapo + à Jonquière et Chicoutimi. L’attrait principal de ses magasins est la grande diversité d’arômes liquides disponible. Ces derniers devraient rester sur les étagères jusqu’à l’été 2022. Pour l’instant, ce serait la période où les nouvelles mesures seront appliquées.

En interdisant toutes les saveurs autres que celle de tabac ou de menthol, Santé Canada espère diminuer le nombre de jeunes qui vapotent. Le dernier sondage de l’organisation en 2019 indiquait que 61% des répondants mineurs préfèrent les saveurs aux autres raisons de vapoter comme l’accessibilité d’utilisation et la réduction du stress.

Quelques alternatives sont évaluées en cette période de préparation. « Je ne pense pas que [l’interdiction des saveurs] ça arrête grand monde », dit Érika Tremblay, commis au magasin Popavape de Chicoutimi. Les commerçants envisagent la possibilité de vendre des produits sans goût et de fournir, sur internet ou dans une autre succursale, des saveurs artificielles à mélanger. Cette façon de faire tomberait potentiellement dans une zone grise de la loi. C’est une pratique commune ailleurs, particulièrement en France. Tout cela reste du domaine de l’hypothétique, les Français n’ayant pas une règle similaire à celle qui s’envient.

Une mesure limitant le taux de nicotine maximum permis dans les « e-juice » à 20mg/ml, anciennement fixé à 50mg/ml, a été imposée le 23 juillet dernier par le gouvernement. Une règle mal reçue par les magasins spécialisés qui craignent le retour d’une clientèle aux cigarettes. Certains besoins plus élevés en nicotine ne pourraient être uniquement comblés par celles-ci.

Aujourd’hui, la réalité semble plus nuancée pour certains. « Présentement, depuis le 23 juillet, on n’a pas eu de baisse de clients. Je pourrais même dire qu’il y a eu une augmentation […] Les gens vapotent plus ou finissent leurs bouteilles plus vite », explique M. Lavoie.

Le secteur du vapotage semble déjà avoir trouvé des alternatives pour ce premier problème. Après la mesure touchant le taux de nicotine permis, les tablettes des « vape shops » se sont remplies d’un nouveau produit appelé « juice hybride ». Il s’agit d’un « e-juice » aux sels de nicotine, habituellement plus doux pour la gorge, modifié à l’aide de l’ajout de nicotine régulière, plus irritant, afin de recréer la sensation d’un produit plus fort en nicotine. « C’est du 20mg/ml […] ce n’est qu’une imitation. », répond Keven Lavoie. L’adaptation rapide à cette mesure donne un certain espoir à l’industrie quant à leur capacité de survivre un encadrement sévère des saveurs.

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