Le visage caché de l’itinérance au féminin 

Par Vicky Dallaire – 2e année

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de plus en plus de femmes sont vulnérables et en situation d’itinérance. Le manque de ressources disponibles dans les régions et leur accès limité ont contribué à une hausse de la précarité des conditions de vie des femmes depuis la pandémie de Covid-19. 

De nombreux centres d’hébergement du Saguenay-Lac-Saint-Jean doivent refuser l’accès à des femmes en situation d’urgence en raison du manque de places disponibles. D’autres facteurs comme la crise du logement ont amplifié ce phénomène. 

« Ce sont souvent des femmes qui se promènent d’un divan à l’autre. Parfois elles vont dormir chez un ami ou de la famille. Parfois même chez des inconnus en échange de services », raconte Yany Charbonneau, intervenante depuis cinq ans au Service de travail de rue de Chicoutimi (STRC). Elle précise qu’il est « difficile de quantifier les personnes en situation d’itinérance invisible », mais qu’il est de plus en plus fréquent de voir « des femmes dans la rue », contrairement à ses débuts dans le métier en 2019. Certaines femmes qui ont vécu des expériences négatives comme de la violence préfèrent rester dans la rue plutôt que de fréquenter des centres d’hébergement mixtes, déplore la travailleuse de rue. 

Yany Charbonneau explique que le bâtiment du Service de travail de rue de Chicoutimi (STRC) est facilement accessible pour les personnes qui nécessitent leurs services. Situé au 221 rue Tessier à Chicoutimi, près du terminus. (Crédit photo : Vicky Dallaire]
Yany Charbonneau explique que le bâtiment du Service de travail de rue de Chicoutimi (STRC) est facilement accessible pour les personnes qui ont besoin de ses services. Il est situé au 221 rue Tessier à Chicoutimi. (Crédit photo : Vicky Dallaire)

« Il manque de tout » 

Des maisons d’hébergement et des services d’accompagnement psychosociaux adaptés pour les femmes sont offerts en région, mais l’accès est limité. 

« Il manque de tout. Il manque de logements subventionnés, de suivis psychosociaux, d’intervenants pour les suivis psychosociaux. Il manque aussi de ressources alimentaires », dénonce Vanessa Degrandmaison, intervenante depuis quatre ans à la Maison d’hébergement le Rivage de La Baie. 

Elle souligne que les financements accordés par le gouvernement du Québec permettent de soutenir la cause, mais qu’ils demeurent insuffisants. « C’est surtout un problème économique tant qu’à moi. Il manque de ressources d’hébergement, parce qu’il y a de plus en plus de femmes en situation difficile et dans la rue. Besoins qu’on ne peut malheureusement pas combler complètement. » 

Elle constate que depuis la Covid-19, le processus de désaffiliation sociale est beaucoup plus fréquent chez les femmes qui ont vécu une perte d’emploi. L’incapacité à répondre aux besoins essentiels a mené à une rupture sociale, explique Mme Degrandmaison. 

Vers des solutions durables 

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, était de passage au Bas-Saguenay le 6 septembre dernier pour annoncer un investissement de près de 7,5 millions de dollars visant à augmenter le nombre de ressources en hébergement dans plusieurs régions du Québec.  

Un montant de près d’un demi-million de dollars a été accordé au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce financement additionnel n’était pas inclus initialement dans le Plan d’action interministériel en itinérance 2021-2026 (PAII). 

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