Émilie Frère-Lefèvre – 1ère année
L’ajout imminent du contrôle coercitif au Code criminel canadien représente une avancée pour la reconnaissance et la prise en charge des différentes formes de violences. Ce schéma toxique de manipulation est une forme insidieuse de violence, car elle est invisible. Selon Kelly Laramée, porte-parole et intervenante du CALACS Estrie (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), les modifications en cours pourraient transformer la manière dont notre société perçoit et traite ces situations.
« Souvent dans notre société, la transmission d’informations, la prévention, la sensibilisation […] ça se fait beaucoup par notre système de justice, » explique Mme Laramée. Elle considère que cette reconnaissance légale incitera les gens à mieux comprendre les conséquences du contrôle coercitif. Cela permettra notamment de montrer qu’une violence qui ne laisse pas toujours de marques est aussi dommageable.
La reconnaissance officielle de cette forme de violence leur offrirait le droit à des ressources telles que des services psychologiques ou des compensations financières. En plus de reconnaitre et légitimer leurs expériences, Mme Laramée estime que ça diminuera leurs sentiments de honte et de culpabilité.
Cependant, Kelly Laramée met en garde : « Je ne crois pas que nos systèmes soient prêts à ce changement-là […]. Ce sont des systèmes qui ont de la difficulté, qui sont un peu brisés. » Pour que cette loi soit efficace, une formation des policiers et du personnel judiciaire est nécessaire. Comprendre l’impact et savoir comment accompagner les victimes semble essentiel.
Cette loi pourrait amorcer des discussions plus larges sur la violence conjugale et le continuum, phénomène progressif, des violences, souvent réduites à sa manifestation physique. « La violence faite aux femmes, c’est un continuum […] Avant les féminicides, il y a beaucoup de choses, beaucoup de formes de violences. »
Reconnaitre ces gestes comme des crimes est une tentative pour contrer l’augmentation des violences et féminicides et permettra d’avoir des dossiers plus solides et complets en cas de poursuite.