Morgane Busson – 2e année
Le guitariste et parfois chanteur du groupe punk breton Les Ramoneurs de Menhirs, Loran Béru, pense que si la musique traditionnelle bretonne et le punk rock se marient si bien, c’est parce que les deux styles portent un message de résistance et d’insoumission.
D’après lui, face à un système français qui a tenté d’effacer la distinctivité bretonne, chanter en breton est une résistance culturelle, comme l’est aussi le punk. Même si son groupe chante majoritairement en breton, la langue n’est qu’un prétexte selon le guitariste. « On serait [au Pays basque], on chanterait en basque, on serait en Kanaky, on chanterait en kanak. On chante surtout la résistance des cultures minoritaires qui se battent pour exister. »
Cette alliance du punk et de la musique traditionnelle bretonne remonte à l’époque des Bérurier Noir, un groupe que Loran Béru a fondé avec François Guillemot en 1983. La formation Bérurier a collaboré avec Éric Gorce, un musicien breton, et a sorti le titre Vive le feu deux ans plus tard. Cette fusion de ces deux styles donne naissance au punk breton. Cette association étonnante rend le titre très populaire dans le milieu alternatif français.
Loran Béru et les autres membres de la formation ont fondé en 2006 le groupe de punk breton Les Ramoneurs de Menhirs. Pour Loran Béru, le rôle d’un musicien est le même que celui des bardes bretons durant l’Antiquité : fédérer la tribu. « Les [Bérurier Noir] ça fédérait la jeunesse. Les Ramoneurs de Menhirs ça fédère la famille », affirme-t-il.
Selon lui, c’est en unissant les foules, en rassemblant toutes les différences qu’on peut lutter contre la pensée unique. « La différence est une belle chose. On essaye de nous faire croire le contraire mais c’est la différence qui donne la vie. Quand y’a pas de différences, c’est la mort. »
Les menhirs sont des pierres dressées. Elles caractérisent la Bretagne. Le groupe est un mélange de cultures et rend hommage aux racines bretonnes, tout en adoptant un esprit punk qui rejette les normes et prône la liberté. « Ramoner un menhir c’est réactiver l’esprit des pierres et des passions, c’est réactiver nos vraies racines », ajoute le guitariste.